Cédric Lagandré
La Société intégrale
Article mis en ligne le 9 décembre 2009
dernière modification le 28 avril 2020
Nous partageons malgré nous avec les totalitarismes le rêve utopique d’une société pure, d’une société intégrale et sans histoire, dans les deux sens du terme. Jamais les sociétés ne se montrèrent moins violentes et plus dociles, et jamais pourtant la tranquillité et la police qui la garantit, ne furent à ce point désirées. Le totalitarisme s’assignait pour but de produire un corps social intégral, parfaitement soudé, saturé de coutures, c’est-à-dire une société sans sujets, sans conflit ni diversité, immédiatement mobilisable dans son intégralité. Or, c’est à certains égards ce même but que la société de contrôle à laquelle nous consentons quotidiennement est tentée, en vertu de sa structure propre, de poursuivre.