La transformation de nos modes de vie semble bien inéluctable en raison des limites écologiques et économiques que nous avons atteintes, voire déjà dépassées. Industriels et gouvernements proposent des solutions reposant toujours plus sur l’innovation technologique, alors même que celle-ci dégrade déjà certaines de nos manières d’être et de penser, tout en dévastant la planète au service d’un système à bout de souffle. En opposition à ce modèle, des mouvements recommandent une transition vers des formes de production, d’habitation, de consommation qui permettent la survie de l’humanité par un nouvel équilibre écologique et une répartition équitable des ressources.
Il n’y a pas un discours anarchiste qui s’imposerait unanimement sur ces questions, sans doute parce que plusieurs attitudes sont compatibles avec nos principes de refus de toute domination et de prise en main directe de nos propres conditions de vie. Aucun de nous n’est dupe des illusions du capitalisme prétendument vert, qui en réalité s’autodétruirait s’il procédait à un véritable tournant écologique. Aucun de nous n’a envie de voir s’installer une domination étatique de plus en plus forte destinée à gérer la rareté croissante des ressources indispensables à la vie et à maintenir leur répartition de plus en plus inégalitaire.
Les avis divergent cependant quant à savoir si la détérioration de la situation peut servir de stimulant à une prise de conscience et à une réorientation forcée, à défaut d’être choisie, des modes de vie. Ils divergent également concernant le rôle que les techniques devraient pouvoir jouer dans cette orientation, en particulier sur la question de savoir si tout développement technique est par lui-même destructeur de la nature et des relations humaines, ou si certaines techniques peuvent être récupérées et adaptées à un projet de vie compatible avec ces équilibres.