La puissance d’enchantement de l’industrie touristique repose sur sa capacité à faire oublier son caractère précisément industriel, par conséquent soumis aux règles d’un productivisme et d’un consumérisme sans frontières. Afin d’étendre le marché, la massification du désir touristique s’appuie sur la diffusion d’un puissant imaginaire dans lequel la mobilité est devenue le modèle comportemental dominant. On a vendu partout l’« évasion » et créé des infrastructures dédiées à cet effet, sans voir que ce processus de commercialisation détruisait la dimension symbolique du voyage.
Au service de la consommation du monde, le tourisme suppose, non seulement une sensibilité particulière, mais aussi une réalité organisée autour de lieux modélisés selon des principes gestionnaires.
Désinvesti de son territoire d’origine, le touriste nourrit l’espoir confus de trouver ailleurs ce qui lui manque chez lui : le goût de vivre une existence conviviale sur un territoire encore chargé de sens et de vie. Mais par sa présence même, il détruit ce qu’il est venu chercher.