Il y a une dizaine de milliers d’années, la sédentarisation des groupes humains, l’émergence de l’agriculture et l’établissement des premiers États ont jeté les bases de notre civilisation. Et si cette « révolution néolithique » n’était qu’une parenthèse malheureuse dans le cours de l’histoire humaine, comme le prétendent les primitivistes ? Et si ces événements, loin d’être « civilisateurs », avaient précipité l’humanité dans un processus écocide et autodestructeur dont nous mesurons seulement aujourd’hui toute la gravité ?
Stimulé par ces questions qui imprègnent les débats écologistes depuis les années 1960, Pierre Madelin examine d’un regard critique les fondements historiques et anthropologiques de cette théorie selon laquelle les multiples formes de domination ne sont pas inhérentes à la vie sociale, mais résultent de cette « catastrophe fondatrice » du Néolithique.
Or le primitivisme se révèle une impasse politique, affirme l’auteur : plutôt que de mythifier la vie préhistorique en anticipant l’effondrement de la civilisation industrielle, ne vaudrait-il pas mieux se mobiliser pour une réelle transformation vers une société écologique ?
Basé au Chiapas, Pierre Madelin est philosophe et traducteur spécialisé dans les « humanités environnementales ». Il est l’auteur d’Après le capitalisme chez Écosociété (2017).