« Nous mourons muets, en haillons, nous n’avons pas de nom, nous n’avons pas de nationalité. Nous ne sommes personne, nous ne sommes rien. »
Le bateau de Gerard Gale a quitté Anvers sans lui. Commence alors pour ce marin qui se dit américain une odyssée rocambolesque à travers l’Europe des années 1920. Sans papiers, sans argent, il n’existe plus ; chaque pays tente de s’en débarrasser en lui faisant passer clandestinement la frontière la plus proche.
Il embarque finalement sur la Yorikke, un « vaisseau des morts », cercueil flottant voué au naufrage afin que l’armateur puisse toucher la prime d’assurance. Devenu soutier (matelot en charge du charbon), Gale y connaîtra l’enfer.
Premier roman important de B. Traven publié en 1926, Le Vaisseau des morts dénonce le cynisme du capitalisme et l’absurdité des frontières. Si le burlesque l’emporte dans les premières pages, le réalisme s’impose bientôt pour décrire le quotidien des plus précaires.
« Le Vaisseau des morts mêle les genres : roman maritime et livre d’aventures fracassantes, pamphlet libertaire et cantique des illusions perdues », (Télérama).
B. Traven (1882-1969) est un romancier révolutionnaire d’expression allemande. Condamné pour sa participation à la République des conseils de Bavière, il trouve refuge au Mexique et embrasse la cause indienne. Il est l’auteur d’une douzaine de récits sociaux saisissants que Libertalia s’emploie à rééditer.