Édition établie, présentée et annotée par Claude Rétat et Stéphane Zékian
Revenue du bagne en 1880, Louise Michel retourne en prison de 1883 à 1886. Elle y échafaude les œuvres très diverses qui feront des années 1886-1890 une période féconde, celle notamment des trois romans qu’elle publie coup sur coup chez Dentu et dont ce volume offre la première édition critique : Les Microbes humains, Le Monde nouveau, Le Claque-dents. Jusqu’alors elle avait écrit des romans en collaboration. Avec ce cycle, elle construit un massif qui lui est propre, trois actes scandant l’écroulement du vieux monde et l’avènement du nouveau. La « série rouge » qu’elle projetait ne voit pas le jour, mais elle sculpte en grand dans la fiction, dans la « légende nouvelle » dont elle veut doter la révolution, dans le langage, dans une rythmique inédite de l’expression.
Dans le contexte du premier centenaire de la Révolution française où socialistes et anarchistes protestent contre sa confiscation par la République bourgeoise, les trois romans saluent, de tout leur contre-pouvoir d’élocution, des insurrections qu’on ne songe guère à célébrer, et annoncent une révolution imminente.
Œuvres de mémoire, germes d’avenir, ces romans de la faillite bancaire, de la névrose, de la pourriture et de la lutte pour la vie s’écrivent avec toutes les nuances du rouge au son vibrant des tocsins.
Ces trois romans sont suivis d’un dossier documentaire comprenant notamment une revue de presse et des documents inédits. Les textes ont été établis, présentés et annotés par Claude Rétat et Stéphane Zékian (UMR LIRE).