Lundimatin est un journal en ligne qui paraît chaque lundi matin depuis décembre 2014. Avec plus de 800 articles publiés et 6 millions de visites, le site a su trouver sa place dans l’espace intellectuel et subversif français. Considéré par les services de renseignement comme l’émanation culturelle et hebdomadaires des positions du Comité Invisible, la ligne éditoriale n’en est pas moins diverse, tant dans les positions exprimées que dans les thèmes abordés. Dissertations philosophiques à propos de Pokemon Go, interviews fleuves sur l’autonomie italienne, exégèses talmudiques, appels à braver l’état d’urgence, critiques de film, chaque numéro constitue un agencement propre.
C’est désormais aussi une revue papier. Il s’agit dans ses pages de remonter à contre-courant le flux de l’actualité et de se dégager de la cadence des parutions hebdomadaires afin d’en extraire les articles les plus significatifs. Prendre à revers la logique d’empilement, d’écrasement et d’obsolescence quasi-immédiate de l’internet. Composer des archives pour éclaircir le présent.
Pour cette première publication un thème et une période ont été délibérément choisis. Se replonger dans la séquence mars / août 2016, c’est-à-dire au cœur du mouvement contre la loi Travail, nous permet aujourd’hui de mieux comprendre bon nombre des soubresauts qui font l’actualité : implosion du Parti Socialiste, mouvements contre les violences policières, émeutes contre le meeting du Front National à Nantes, discrédit achevé de la classe politique, défiance inédite vis-à-vis du processus électoral, etc. Ajoutons que, même s’il ne s’agit pas du résultat direct d’un mouvement de contestation mais plutôt de la décomposition interne de la politique, la campagne pour l’élection présidentielle n’a effectivement pas eu lieu, comme d’aucuns le prédisaient un an plus tôt. Et il reste encore à voir si la génération politique qui est née dans la rue, au printemps 2016, va savoir se rendre, comme elle l’affirme,
« ingouvernable ».
Les articles sélectionnés ont été regroupés en six thèmes, qui traitent chacun de l’un des points marquant du conflit (la mobilisation lycéenne ; le mouvement social ; la Nuit Debout ; le blocage et les occupations ; la question du maintien de l’ordre ; continuer après l’émeute). Chaque partie est introduite par un assemblage de photos, de captures vidéos, d’extraits de récits, de communiqués ou d’appels. Dans cet éclatement, on redécouvre ou se remémore ce que furent les blocus du mois de mars, les débordements des manifestations syndicales, l’occupation de la place de la République à Paris en avril, l’occupation de la Maison du peuple à Rennes, la répression du mois de mai, l’émeute du 14 juin, entre autres.