Préface d’Elsa Dorlin
Près de vingt-cinq ans séparent la ruade punk féministe initiée par les Riot grrrls, aux États-Unis, de la prière punk prononcée à Moscou par les Pussy Riot. Un quart de siècle au cours duquel s’est constituée une véritable contre-culture féministe underground, qui poursuit la révolution Grrrl Style engagée par les premières émeutières au début des années 1990.
Cette révolution plus épidémique que violente se propage par contagion, au moyen de la musique, des fanzines, des manifestes... Sa force tient à son hyper-réactivité et à son adaptabilité à des environnements très divers. Patiente, inlassable, elle est voulue et entretenue par un féminisme squatteur de plus en plus inclusif, qui de collectifs en réseaux, de concerts en Ladyfests, explore sans relâche les failles du mainstream pour développer sa théorie radicale de l’action.
Manon Labry retrace ici, sous l’angle des cultural studies, la généalogie de ce courant protéiforme qui a su développer une résistance labile, apte à déjouer les visées d’un système qui cannibalise ses marges pour les asservir.