L’année 2011 fut comme un laboratoire, où se sont données à voir, dans l’expérience de l’actualité, des débats et des polémiques, les élaborations successives de la pensée du féminisme. La génération nouvelle des féministes succédait en douceur, et souvent avec humour, à celles qui commémoraient les 40 ans du Mouvement de libération des femmes en 2010. L’affaire du Sofitel fut un concentré des questions posées par l’auteure dans quelques-uns de ses travaux (service domestique et démocratie, consentement et politique, circulation entre privé et public, singularité de l’histoire française). L’enjeu du droit des femmes dans les révolutions arabes fit écho à l’histoire de la démocratie occidentale peu encline à synchroniser l’égalité des sexes avec la dynamique révolutionnaire.
Ce livre est né de cette congruence, constatée à maintes reprises depuis le renouveau du féminisme, entre recherche théorique et actualité de l’histoire. Conçu comme un parcours, il est constitué d’une sélection d’articles et d’entretiens parus dans divers revues et journaux entre 1975 et 2011. « Le féminisme, ça pense », observe Geneviève Fraisse.
Il s’agit, ici, de rappeler que c’est dans l’histoire en acte que les questions théoriques du féminisme ont pris et continuent d’avoir des chances de prendre forme. Et de montrer que cette pensée est éminemment politique, en réaffirmant avec force que « les sexes font l’histoire ».
Une pensée d’une brûlante actualité, qui reconstitue avec limpidité le puzzle de la domination masculine.
Geneviève Fraisse est philosophe, directrice de recherche au CNRS. Elle a publié de nombreux ouvrages, dont Du consentement (Seuil, 2007), Le privilège de Simone de Beauvoir (Actes Sud, 2008), et À côté du genre. Sexe et philosophie de l’égalité (Le Bord de l’eau, 2010). Aux éditions le passager clandestin, elle a préfacé en 2011 Opinion d’une femme sur les femmes (1801) de Fanny Raoul.