À peine la victoire sur Daech était-elle proclamée que le gouvernement des États-Unis s’en attribuait le mérite et invitait le président turc, Erdogan, à envahir les territoires que les Kurdes avaient conquis sur le « califat » dans le nord de la Syrie. Ces derniers, principalement ceux du Parti de l’Union démocratique (PYD) proche du PKK, qui avaient joué un rôle prépondérant dans la victoire contre les djihadistes, après avoir été caressés dans le sens du poil par la « communauté internationale », étaient de nouveau les ennemis que les États-Unis et l’Union européenne considéraient comme terroristes.
Plusieurs milliers d’internationalistes de toutes nationalités partirent combattre les islamistes de Daech aux côtés des forces révolutionnaires kurdes. L’auteur de ce livre fut l’un d’entre eux. Son plaidoyer pour le Rojava n’est cependant pas synonyme d’aveuglement car l’objectivité est la condition d’un positionnement politique. Aujourd’hui, les « gentils » d’hier sont redevenus les « méchants » d’avant-hier en fonction des seuls intérêts géo-stratégiques des grandes puissances impérialistes dans la partie d’échec qu’elles se disputent au Moyen-Orient pour le contrôle des ressources fossiles.
On savait bien que les Kurdes devraient payer l’addition pour avoir géré l’autonomie du Rojava en y expérimentant un projet politique, démocratique social, féministe et pluriculturel, qui, au moment où, comme en Irak ou au Liban, des prolétaires se soulèvent pour la justice contre les classes politiques, pourrait bien séduire ceux que les clivages religieux, ethniques ou nationaux divisent artificiellement au Moyen-Orient.
Dans les combats qui s’annoncent, quel que soit leurs adversaires, les combattants kurdes ne pourront compter que sur eux-mêmes.