collection historique
Lorsque Malthus, pasteur anglican, préconisait, en 1803, de limiter les naissances pour faire disparaître la misère, ce vigoureux défenseur de l’ordre social voyait là le triomphe de l’esprit sur la chair. Il ne fallut pas un siècle pour que son œuvre fut critiquée et corrigée par d’impertinents disciples : ces individus peu respectueux, qui faisaient de la limitation volontaire des naissances un encouragement à la libération sexuelle et à l’agitation révolutionnaire, ce sont les néo-malthusiens.
Ce livre retrace la lutte qui opposa, de 1890 à 1920, néo-malthusiens et repopulateurs. Face à ceux pour qui les tartuffes bourgeois ne veulent de nombreuses naissances chez les travailleurs, que pour être pourvus de chair à plaisir, de chair à travail et de chair à canon, qui s’efforcent de vulgariser l’usage des contraceptifs et réclament la liberté de l’avortement, une coalition hétéroclite rassemble possédants, catholiques, syndicalistes et partis de gauche.
Enjeu, au premier chef, de cette lutte : les femmes, que le néo-malthusianisme - en plein accord avec les féministes qui revendiquent la totale liberté de leur corps -, veut émanciper de l’épouvantable fatalité d’être mères contre (leur) volonté. La fameuse loi de 1920, interdisant la propagande antinataliste et les contraceptifs féminins, devait, en fin de compte, décevoir fortement ses auteurs.
La fécondité des Français n’ayant pas été, semble-t-il, plus influencée par l’action néo-malthusienne que par sa répression légale, l’auteur a voulu terminer son étude par une description des tendances historiques de la démographie française, et des débats politiques qu’elle continue de provoquer.