La question de l’universel a ressurgi avec l’émergence de la pensée décoloniale, et le déplacement des approches théoriques et militantes de l’émancipation qu’elle a entraîné, mettant en avant les particularismes et les identités et voulant renvoyer les visées universelles émancipatoires dans un passé dépassé ; or, ces nouvelles approches ont pris le risque de ne pas échapper à des effets re-essentialisants, identarisants et excluants.
Ce numéro entend donc repenser la question selon ces enjeux, en interrogeant ce que serait un universalisme accueillant les différences (et à quelles conditions il peut être utile à une visée libertaire de l’autonomie), ou en pariant au contraire sur son inutilité et sa disparition. Comme souvent, il offre une pluralité d’approches et de points de vue et ne prétend pas trancher dans le débat ni apporter de solutions.
Traditionnellement, l’anarchisme est ouvert à un relativisme garant des différences et gage de tolérance, mais aussi profondément attaché à l’universalité des valeurs de liberté et d’égalité. On retrouvera ce balancement au fil des textes, le plateau penchant alternativement dans un sens ou un autre.