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Jocelyne Saab - Cinéaste
Association Jocelyne Saab
Article mis en ligne le 16 février 2024
dernière modification le 25 septembre 2024

par Libraire

Jocelyne Saab est née en 1948 et a grandi à Beyrouth. En 1973, elle devient reporter de guerre au Moyen-Orient en couvrant la guerre d’Octobre pour le Magazine 52 de la troisième chaîne de télévision française. En 1975 elle dirige son premier long métrage, un documentaire, qui sort en salle à Paris : Le Liban dans la Tourmente, distribué par Pascale Dauman. Elle couvre ensuite pendant quinze ans la guerre du Liban, au cours de laquelle elle réalise près de trente films, dont Beyrouth, jamais plus, diffusé sur France 2 en 1976, ou Lettre de Beyrouth et Beyrouth, ma ville, diffusé sur France 3 en 1978 et 1982. Égypte, cité des morts, tourné en 1977, sort en salle à Paris, en première partie de Le Sahara n’est pas à vendre sur le Polisario, réalisé la même année. En 1981, elle tourne Iran, L’Utopie en marche sur les lendemains de la Révolution iranienne, qui reçoit plusieurs prix internationaux.

Si le coffret que nous éditons est consacré aux films documentaires réalisés de 1974 à 1982, la filmographie de Jocelyne Saab compte aussi des fictions. En 1985 elle réalise elle-même son premier long métrage Adolescente sucre d’amour (Une vie suspendue) sélectionné à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs la même année. En 1993, elle dédie un docu-fiction, Il était une fois Beyrouth : histoire d’une star, composé essentiellement d’images d’archives et de rushs d’anciens films sur Beyrouth, à l’anniversaire des cent ans du cinéma. Il est diffusé sur Arte.

La reconstitution de la cinémathèque libanaise
En 1992, elle s’engage pour la reconstitution de la Cinémathèque libanaise. Elle opère pour cela un immense travail d’archive et répertorie plus de deux cent cinquante films qui évoquent Beyrouth et le Liban avant, et pendant la guerre. Elle fut décorée de l’Ordre des Chevaliers des Arts et des Lettres pour ce travail monumental, réalisé à l’occasion du film qu’elle montait à l’époque, Il était une fois Beyrouth, qui en garde désormais la trace. À partir de ces archives, elle organise en 1993 le cycle de projections « Beyrouth, mille et une images » à l’Institut du Monde Arabe, événement qui présente tous les films arabes sélectionnés en vue de la reconstitution de cette Cinémathèque libanaise.

Condamnée à mort
En 2005, en raison du scandale provoqué par son film Dunia, produit par Catherine Dussart et tourné en Égypte sur le thème du plaisir, elle est condamnée à mort par les fondamentalistes égyptiens. Le film est cependant primé dans de très nombreux festivals internationaux, et se trouve notamment en compétition long métrage au Festival de Sundance, aux États-Unis.

Art contemporain
En 2007, Jocelyne Saab se tourne vers l’art contemporain, et réalise sa première installation vidéo sur vingt-deux écrans au Musée National de Singapour. Il s’agit d’une mise en perspective de tout son travail sur la guerre qu’elle propose sous le titre Strange Games and Bridges. Elle expose par la suite ses premières photographies à la foire d’Abû Dhabi en 2007, puis successivement à la foire d’Art-Paris, et des galeries d’Abû Dhabi et de Beyrouth en 2008.

Au Bazar du Genre
En 2009 elle termine un nouveau long métrage, What’s going on ?, tourné dans sa ville natale. Il interroge une possible renaissance de Beyrouth, et plus généralement le processus de création dans toute sa profondeur. En 2013, elle enseigne à l’IESAV, l’Institut d’Études Scéniques et Audiovisuelles de Beyrouth, où elle réalise un long-métrage avec les étudiants autour de la personnalité auratique d’Henri Barakat. En 2013, Jocelyne Saab réalise pour le MuCEM, Marseille, à l’occasion l’exposition « Au Bazar du Genre », six films sur le thème sexe et genre dans six villes de la Méditerranée orientale, réunis sous le titre Café du Genre.

Création du Festival International du Film de la Résistance Culturelle
En 2013, elle fonde le Festival International du Film de la Résistance Culturelle, dont elle est directrice artistique. Elle y propose des films d’Asie et de Méditerranée qui questionnent, à travers leur histoire, l’histoire et la situation de Beyrouth aujourd’hui. Un cinéma qui panse les plaies du pays et qui amène à réfléchir à la possibilité de la paix et du respect intercommunautaire. Ce festival s’étend sur tout le territoire libanais.

Jocelyne Saab a, à la fin de sa vie, réalisé une dernière série de photographies, One Dollar a Day et plusieurs vidéos d’art : One Dollar a Day et Imaginary Postcard en 2016, et My Name is Mei Shigenobu, qui est sorti posthume (2019). Durant ses dernières années, elle travaillait à la réalisation d’un documentaire sur la vie cachée de Mei Shigenobu, Shigenobu, Mother and Daughter, fille de la dirigeante de l’armée rouge japonaise communiste Fusako Shigenobu.

Tous les films ont été restaurés, image et son, par l’Association Jocelyne Saab

  • Les Femmes palestiniennes : Jocelyne Saab donne la parole aux femmes palestiniennes, victimes souvent oubliées du conflit israélo-palestinien.
    Documentaire • 1974 • couleur • France • 16 mm • 11 min
  • Le Front du Refus : Quand la paix s’avère impossible, tous les moyens sont bons pour défendre une cause politique. De là naît, à la frontière qui sépare les territoires palestiniens et ce qu’ils refusent de reconnaître comme Israël, l’idée des commandos-suicides. Jocelyne Saab filme des adolescents, de seize à vingt-deux ans, qui s’entraînent sans relâche, dans une base secrète souterraine, à devenir des commandos-suicides.
    Documentaire • 1975 • couleur • France • 16 mm • 13 min
  • Le Liban dans la Tourmente : Quelques mois après l’incident du 13 avril 1975, au cours duquel des civils palestiniens furent mitraillés par des miliciens phalangistes, le bilan est des plus tragiques : six mille morts, vingt mille blessés, des rapts incessants, une capitale semi-détruite. Ce film retrace les origines du conflit libanais, la perception d’une société qui part à la guerre en chantant. Document unique sur la guerre civile libanaise.
    Long métrage documentaire • 1975 • couleur • Liban • 16 mm • 1h15
  • Les Nouveaux croisés d’Orient : La guerre laisse des traces ; c’est aussi la vocation de quelques-uns, pour qui la mort reste un métier. Portrait d’un mercenaire français engagé au Liban par les milices phalangistes pour entraîner les milices.
    Documentaire • 1975 • couleur • Liban • 16 mm • 10 min
  • Les Enfants de la guerre : Quelques jours après le massacre de la Quarantaine, dans un bidonville à majorité musulmane de Beyrouth, Jocelyne Saab suit et rencontre les enfants rescapés, marqués par les visions horribles des combats qui se sont déroulés sous leurs yeux. En leur offrant des crayons pour dessiner et en les engageant à jouer sous l’œil de sa caméra, la réalisatrice se retrouve face à un constat amer : ils ne connaissent plus d’autre jeu que celui de la guerre, qui, rapidement, devient pour eux aussi un métier.
    Documentaire • 1976 • couleur • France • 16/35 mm • 13 min
  • Beyrouth, jamais plus : En 1976, la ville de Beyrouth connaît le début de son calvaire. Avec les yeux de son enfance, la réalisatrice suit six mois durant, au jour le jour, la dégradation des murs. Tous les matins, entre six et dix heures du matin, elle arpente Beyrouth à l’heure où les miliciens des deux bords se reposent de leurs nuits de combats.
    Documentaire • 1976 • couleur • France • 16/35 mm • 36 min
  • Sud-Liban : histoire d’un village assiégé : Le cessez-le-feu du 21 octobre 1976 permet aux fédayins de revenir dans ce Fatah’s land du Sud Liban, pour reprendre aux miliciens de droite une région abandonnée en 1970. Mais Syriens et Israéliens s’unissent pour neutraliser cette « force autonome » que représentent les Palestiniens et font subir à deux villages frontaliers libanais, Hanine et Kfarchouba, un blocus, avant de les attaquer.
    Documentaire • 1976 • couleur • France • 16 mm • 15 min
  • Pour quelques vies : Portrait de Raymond Eddé, en lice pour les élections présidentielles libanaise, et grand opposant à la guerre confessionnelle. Durant les conflits de 1975-1976, il a recherché activement avec son équipe les disparus de guerre, qu’ils soient chrétiens, druzes ou musulmans.
    Documentaire • 1976 • couleur • Liban • 16 mm • 18 min
  • Le Sahara n’est pas à vendre : Ce reportage au cœur du désert retrace les conflits entre les Algériens et les Marocains sur le territoire d’El-Aiun et les résistances des Sahraouis du Front Polisario.
    Documentaire • 1977 • couleur • France, Maroc, Algérie • 16 mm • 1h37
  • Égypte, la cité des morts : Jocelyne Saab se rend en Égypte pour dresser un portrait du Caire, « mère du monde », dont elle cherche les racines. Alors que Beyrouth, sa ville, tombe en ruines, elle va chercher dans la Cité des Morts les traces d’une manière de vivre et de traditions en train de disparaître, lui aussi, sous les coups de la mondialisation.
    Documentaire • 1977 • couleur • Liban • 16 mm • 37 min
  • Lettre de Beyrouth : Trois ans après le début de la guerre civile, la réalisatrice revient dans sa ville pour quelques mois. À cheval entre un pays en guerre et un pays en paix, elle éprouve du mal à se réadapter à la vie. Remettant en marche un bus, alors que les transports en commun ne fonctionnent plus, elle provoque un sursaut de normalité dans la ville en guerre : des gens montent dans le bus, où ils voient un espace de sécurité.
    Documentaire • 1978 • couleur • Liban • 16 mm • 50 min
  • Iran, l’utopie en marche : La Révolution iranienne a conduit à la chute du Shah et à l’installation d’une République islamique. Ce film a pris le parti de s’écarter de l’actualité la plus brûlante pour tenter de cerner, à travers l’ensemble de la société, ce que représentait cette vague qui allait déferler sur le monde musulman.
    Documentaire • 1980 • couleur • Liban • 16 mm • 1h
  • Beyrouth, ma ville : En juillet 1982, l’armée israélienne assiège Beyrouth. Quatre jours plus tôt, Jocelyne Saab voit sa maison brûler et 150 ans partir en fumée. Elle se pose alors la question : quand tout cela a-t-il commencé ? Chaque lieu deviendra alors une histoire et chaque nom une mémoire.
    Documentaire • 1982 • couleur • Liban • 16 mm • 37 min
  • Les Libanais, otages de leur ville : Jocelyne Saab a parcouru la ville de Beyrouth dévastée par les bombardements israéliens. Elle dresse un bilan des victimes et de l’ampleur des destructions.
    Documentaire • 1982 • couleur • Liban • 16 mm • 9 min
  • Le Bateau de l’exil : Après avoir vécu dans la clandestinité à Beyrouth pour échapper aux Israéliens, le chef de l’OLP Yasser Arafat a quitté le Liban pour un nouvel exil en Grèce puis en Tunisie à bord du paquebot « Atlantis ». Il parle de son destin et de l’avenir de l’OLP.
    Documentaire • 1982 • couleur • Liban • 16 mm • 16 min

Tous les films sont proposés en version audio française et/ou anglaise, sous-titrés en français (pour les versions non francophones) et/ou anglais et/ou arabe et/ou espagnol.

Compléments
– Les Palestiniens continuent - Fragment d’un film en travail (1974)
– Reportage sur le processus collectif de restauration des films de Jocelyne Saab (2023)