Traduit de l’américain par Brice Matthieussent. Notes de Michel Granger
Homme de lettres et philosophe non conformiste, réfractaire à l’emprise de l’état sur l’individu, mais aussi naturaliste précurseur de l’écologie, Henry D. Thoreau a régulièrement consigné ses pensées et ses notes de terrain un journal de 7 000 pages entre 1837 et 1861.
Fragmentaire par essence, cette œuvre brosse le portrait de l’auteur et dessine son système de pensée : elle est précieuse pour corriger les stéréotypes dont on a trop souvent affublé « l’ermite de Walden ». Dans un souci de pertinence et d’homogénéité, Michel Granger a opéré une sélection qui s’efforce de privilégier les bonnes pages du penseur arrivé à la maturité, celui pour qui le Journal est devenu une œuvre primordiale à partir de 1851.
Au fil des jours, l’écriture révèle une figure plus complexe, plus libre, plus originale que dans Walden, qui aspire à l’émergence d’une humanité plus vertueuse, moins viciée par l’attrait de l’argent, telle que le peuple de la campagne en donne l’exemple.
Cet autre Thoreau du Journal, authentique dans le dialogue avec lui-même, drôle dans le regard qu’il porte sur ses concitoyens, intransigeant dans ses choix éthiques, offre à notre époque des remarques pleines d’actualité.