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L’État n’est pas le sauveur suprême - Thèses pour une théorie critique de l’État

Robert Kurz

dimanche 26 juin 2022

Traduit de l’allemand par Matthieu Galtier et Johannes Vogele.

Il est devenu banal de dire que Marx n’a pas laissé de théorie achevée de l’État. Le Capital implique pourtant dès son sous-titre (« Critique de l’économie politique ») que la sphère politique et le fait étatique sont des composantes essentielles du capitalisme. Or, la critique marxienne des catégories économiques reste incomplète précisément à cet égard. La gauche tant marxiste que social-démocrate, constitue aussi l’héritage, l’expression et la conséquence de ce déficit

Quelles relations intrinsèques lient l’État moderne et le capitalisme, la sphère politique et le marché, l’État démocratique et l’état d’exception ? Pourquoi peut-on dire qu’un mouvement émancipateur conséquent ne saurait écarter de ses objectifs la dissolution de l’État ?

C’est sous la forme de thèses que Robert Kurz examine ces questions. Dans un style saisissant, l’auteur passe en revue les principales pensées politiques tant fondatrices et apologétiques – Hobbes, Rousseau, Hegel, Kant – que critiques et oppositionnelles, et cherche à établir des fondements nouveaux pour une théorie critique cohérente de l’État, à partir aussi bien des limites de la critique anarchiste chez Bakounine que des réflexions fragmentaires et conceptuellement incohérentes de Marx et Engels.

Kurz aborde ainsi l’ensemble des processus d’étatisation des sociétés ou d’instauration du sujet politique moderne, et leurs prolongements dans le mouvement ouvrier et les « modernisations de rattrapage ».

C’est, enfin, en s’attaquant à la foi en l’État de la social-démocratie et de la « gauche radicale » que l’auteur en appelle à une théorie à la hauteur du désastre en cours.


L’État n’est pas le sauveur suprême - Thèses pour une théorie critique de l’État
Robert Kurz
Éditions Crise et Critique, 190 pages, 18 euros