La silhouette d’un colosse traverse les révolutions politiques de l’Europe en 1848-1849. Michel Bakounine (1814-1876), le premier Russe absolument libre, accourt là où règne l’émeute, et la crée quand elle n’existe pas. L’insurrection de Dresde amènera son arrestation, sa tête mise à prix dix mille roubles d’argent. Condamné à mort par les Saxons, puis par les Autrichiens, il est livré au tsar Nicolas. Ses forteresses le retiendront six ans, mais pas la Sibérie, d’où il s’enfuira en 1861 pour reprendre son combat contre toutes les autorités de la terre. Détruire les anciens rapports sociaux, produire l’étincelle qui mettra le feu aux poudres, cette illumination d’un monde nouveau, il ne cessera de la vivre pour la rendre plus proche à ceux de ses compagnons qui rêvaient moins ardemment que lui. Hanns-Erich Kaminski a su décrire avec justesse et chaleur la vie étonnante de cet aristocrate russe devenu un vagabond magnifique et dépenaillé, à qui on ne pouvait refuser de partager son rêve...
Journaliste et essayiste, Hanns-Erich Kaminski est né en Allemagne en 1899. Après des études d’économies, Kaminski engage une carrière de journaliste dans la presse allemande de gauche, et collabore au journal social-démocrate de Francfort, Die Volkstimme. En février 1933, à la suite de la victoire des nazis, Kaminski quitte l’Allemagne pour Paris, où il se rapproche des milieux anarchistes. De septembre 1936 à février 1937, il est en Espagne, à la suite de quoi il publie son livre sur la guerre d’Espagne (Ceux de Barcelone, 1937). Admirateur de Céline pour son Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit, il récuse radicalement Bagatelles pour un massacre et publie le pamphlet Céline en chemise brune en 1938. Après la défaite française de 1940 il fuit en Argentine où il meurt en 1963.