En 1934, exclu du Parti communiste allemand qui n’avait pas accepté le succès du mouvement Sexpol qu’il avait mis en place, fuyant l’Allemagne nazie, rejeté par les psychanalystes autrichiens en raison de son militantisme révolutionnaire, Wilhelm Reich interpelle les communistes de toute obédience : dans l’exil, ceux-ci ne débattent encore et toujours que d’organisation, de parti, sans chercher davantage les causes de l’effondrement catastrophique du mouvement ouvrier allemand, de son parti communiste réputé si puissant. Il leur demande : qu’est-ce que la conscience de classe, cette conscience de classe que vous prétendez promouvoir ?
Quelque trente ans plus tard, dans des circonstances bien différentes, quand le changement social semble en marche à travers le monde, Maurice Brinton reprend les hypothèses de Reich pour tenter, à nouveau, de trouver les causes du comportement de la masse des travailleurs et, en premier lieu, de celui des militants « révolutionnaires », qu’il juge perpétuellement soumis à des structures d’autorité, incapables d’autonomie et d’initiative.
Peut-être ne faut-il pas chercher dans la faiblesse de cette « conscience de classe » la cause unique, voire la cause principale, de l’apparente passivité de la grande masse de la population. Mais ces textes, nés de l’action militante, constituent à n’en pas douter un excellent point de départ pour réfléchir sur ce phénomène.