Des critiques de gauche de la social-démocratie à l’Internationale situationniste en passant par la Gauche germano-hollandaise ; la Gauche dite « italienne » ; Socialisme ou Barbarie ; le communisme libertaire avec Noir et Rouge, un territoire théorique se dessine au-delà des théories et pratiques de la période 1848 / 1914 que présente le texte La révolution prolétarienne en postface nouvelle de cette seconde édition de l’Histoire critique de l’ultragauche.
On peut alors appeler ultragauche, toute pratique, organisation, théorie, qui définissent la révolution comme affirmation du prolétariat et libération du travail et simultanément critiquent et rejettent toutes les médiations qui sont la montée en puissance de la classe à l’intérieur du mode de production capitaliste (organisations politiques, syndicalisme, parlementarisme…) par laquelle seulement peut exister cette affirmation. En poursuivant un but dont elle supprime tous les moyens rationnels et pratiques de réalisation, elle est constamment un problème pour elle-même fragilement résolu dans le mythe de l’autonomie. En cela, l’ultragauche est une contradiction en procès. Cette contradiction constitue toute sa richesse et son intérêt.
L’ultragauche nous a suggéré que la révolution n’était pas l’affirmation de la classe telle qu’elle existe, c’était là sa dynamique et sa contradiction, et par là, elle nous a amenés jusqu’au point où nous devions et pouvions la quitter.
Au travers de la « période 68 », puis durant les années 1970-1980, émerge par bribes, de façon heurtée, par des impasses et des critiques successives, un nouveau paradigme de la lutte de classe, de la révolution et du communisme : la théorie de la communisation. Cette genèse est l’objet de la préface à cette édition.