Dans les dernières années de sa vie, Fernand Pelloutier [1867-1901] avait conçu le projet de faire profiter ses camarades de la grande expérience qu’il avait acquise dans sa pratique des organisations ouvrières ; il aurait voulu leur montrer ce qu’elles peuvent quand elles sont bien pénétrées de la portée de leur véritable mission ; il espérait convaincre les travailleurs et travailleuses qu’ils trouveront facilement parmi eux les personnes capables d’organiser leurs institutions, le jour où ils cesseront d’être hypnotisés par les utopies politiques.
Apprendre au prolétariat à vouloir, l’instruire par l’action et lui révéler sa propre capacité, — voilà tout le secret de l’éducation socialiste du peuple.
Pelloutier ne songeait pas à apporter une nouvelle dogmatique ; il n’avait aucune prétention à devenir un théoricien du socialisme ; il estimait qu’il y avait déjà trop de dogmes et trop de théoriciens.
Tous ceux qui ont fréquenté ce grand serviteur du peuple savent qu’il apportait dans l’accomplissement de ses fonctions un instinct singulièrement avisé des affaires et qu’il était vraiment l’homme qui convenait à la place que la confiance des Bourses du travail lui avait assignée.
Ses appréciations possèdent donc une valeur toute spéciale aux yeux des personnes qui s’occupent d’observer les phénomènes sociaux et qui cherchent à tirer parti de l’expérience.
— Georges Sorel (1901).
Notice biographique par Victor Dave | préface de Georges Sorel.