Günther Anders se considérait lui-même comme un penseur en exil, chassé hors de toutes les frontières. C’est à partir de cette situation que nous pouvons appréhender ce parcours intellectuel marqué par l’inquiétude et traversé par les événements, souvent dramatiques, d’une grande partie du siècle dernier.
Au regard de ce contexte, Günther Anders réussit à produire une pensée très riche, déployée à partir d’un socle théorique très large, et nourrie par une formation philosophique variée qui s’est tour à tour penchée sur la phénoménologie, l’anthropologie philosophique (dont il peut être considéré comme l’un des premiers et des plus radicaux représentants), l’existentialisme et l’éthique technologique.
Ce recueil de textes, en partie écrits au cours de sa jeunesse, aspire à encourager la découverte d’un penseur qui offre aujourd’hui encore des pistes importantes pour réfléchir de manière critique à la dynamique de transformation technologique et aux enjeux environnementaux de plus en plus urgents qui en découlent.
Günther Anders (né Günther Siegmund Stern) est philosophe, né en 1902 à Breslau, et mort en 1992 à Vienne. Ancien élève de Husserl et de Heidegger, premier époux de Hannah Arendt, il est connu pour être un critique de la technique et un auteur pionnier du mouvement antinucléaire. Le principal sujet de ses écrits est la destruction de l’humanité par la puissance de la technique qui pousse à rendre l’homme obsolète.
L’œuvre de Günther Anders s’inscrit dans un rapport critique à la philosophie dans la mesure où il l’exhorte à ne pas s’intéresser à elle-même mais au monde qui l’environne, à commencer par ce qu’il considère comme les deux événements majeurs du XXe siècle : Auschwitz et Hiroshima. Parmi ses ouvrages traduits en français : L’Obsolescence de l’homme, t. 1 : Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle (1956) ; L’Obsolescence de l’homme, t. 2 : Sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle (1980).