Ce numéro, « Repenser les oppressions ? » est un essai d’appréciation critique (pluriel et parfois conflictuel) des modalités actuelles d’approche des dominations (entre autres, intersectionnalité, queer, « racisation »). Il resitue ces approches dans le contexte du néolibéralime, dont il faut se demander si elles en sont le produit ou la contestation, en essayant d’évaluer leur potentiel émancipateur ou leurs limites dans ce domaine.
On y retrouve donc les tensions qui traversent ces nouvelles approches ; en effet, parties d’une critique de la réduction des dominations à la classe ou à l’État, et des grands récits qui l’accompagnaient, ces approches ont mis sur le devant de la scène les multiples oppressions dont sont tissées les vies et les relations sociales. Ce faisant, elles ont inévitablement rencontré les problématiques de l’identité, de l’appartenance, des « limites » à la définition des groupes opprimés, et donc du commun, de l’universel, des différences et de ce qu’on en fait : exclusion ou pluralité. De quoi s’émancipe-t-on, comment, et pourquoi ? Quels sont les horizons ouverts et/ou les retournements opérés sous forme de replis identitaires ? Ce sont ces questions qui circulent et se répondent à travers les huit articles de ce numéro.
Nous n’avons certes pas résolu ces tensions entre « émancipation » et « repli identitaire », mais espérons avoir proposé des pistes de réflexion pour enrichir et complexifier notre approche des formes de domination et de leurs représentations dans ce monde si mouvant, mais toujours injuste et inégalitaire.
Pour des raisons de place, nous n’avons pu inclure dans ce numéro une partie du dossier « anarchie/colonialisme/décolonial » et nous nous en excusons ; elle sera intégrée au prochain numéro 40.