Existe-t-il une conception de l’éducation propre au socialisme ?
C’est à cette question que cet ouvrage voudrait répondre en proposant une série d’éclairages sur des moments, des théories ou des figures qui sont indissociables du socialisme.
En matière d’éducation, les propositions du socialisme au XIXe siècle sont riches, diverses, contradictoires parfois. Toutefois, elles présentent une caractéristique commune : elles ne se comprennent et ne prennent tout leur sens que dans la perspective d’une profonde transformation sociale.
Henri Saint-Simon, Charles Fourier, Pierre-Joseph Proudhon, Jean Jaurès ou Robert Owen et Karl Marx mais aussi Louise Michel, Eugène Fournière ou Gustave Hervé, les quarante-huitards comme les communards, ont tous eu pour ambition d’inventer ou de préciser les conditions qui permettraient à l’école de participer pleinement à l’émancipation des individus.
Cette ambition n’a pas perdu de son actualité à un moment où l’éducation voit son horizon confiné à l’adaptation des nouvelles générations au monde tel qu’il est.
L’ambition de cet ouvrage est donc d’étudier comment le mouvement socialiste a su articuler des conceptions et des réalisations originales de l’éducation au projet de transformation sociale. Il s’agit de comprendre quelles formes peut prendre une éducation quand elle entend contrarier les effets les plus délétères d’une société de classes et contribuer à l’émancipation complète des individus dans une société égalitaire. Situées dans leur contexte, ces conceptions et ces expérimentations appartiennent sans aucun doute à l’histoire. Mais elles portent en elles un projet qui s’il n’a pas abouti n’est pas pour autant révolu.