En 1950, dans l’isolement de son exil américain, Karl Korsch envisage pour un temps de revenir théoriquement sur le sens du projet communiste. Il en ressort une cinquantaine de pages dactylographiées sous le titre de Buch der Abschaffungen. Aussitôt rédigées, Korsch les range dans un tiroir.
Dans la période 68, quelques contestataires allemands – dont Hans-Jürgen Krahl et Rudi Dutschke – les découvrent et les étudient de près. Mais le tiroir est vite refermé.
Autant dire que le Livre des abolitions est un trésor resté caché pendant trop longtemps qui voit enfin le jour. Les notes de travail qui le composent interrogent, de façon forcément inachevée, la question du « but final », c’est-à-dire du dépassement radical de la société capitaliste telle que Marx et ses disciples l’ont posée, non sans égarements et apories.