Avez-vous déjà entendu parler du nain de cour ? Oui, sûrement. Des mégotiers et des voleurs de cadavres ? Un peu moins. Que dire alors du punkawallah, serviteur indien chargé d’agiter les éventails, ou de l’ermite de jardin, payé pour se laisser pousser la barbe et orner une grotte au fond d’un parc anglais ? Ces professions disparues ont un point commun : ce sont des « sales boulots », périlleux, sinistres, ardus, grotesques ou avilissants.
Ce dictionnaire, le premier du genre, en dresse l’inventaire avec humour, de l’Antiquité jusqu’au XXe siècle.
On y rencontrera, à travers l’épais smog industriel, les chiffonniers chargeant dans leurs sacs de toile les ordures londoniennes. On y frappera, tôt le matin, des coups répétés aux portes des travailleurs en compagnie des knocker-ups (réveilleurs), on y baignera dans les poussières radioactives aux côtés des ouvrières de l’US Radium Corporation. On y entendra, enfin, les lamentations factices des pleureuses à gages accompagnant les cortèges funéraires, et les propos irrévérencieux des bouffons dans les cours européennes…
À l’heure où l’on débat des métiers essentiels, de la pénibilité et de la précarité du travail, Nicolas Méra nous rappelle que les emplois méprisés et mal rémunérés ont une bien longue histoire.