Made In Bangladesh
un film de Rubaiyat Hossain
Article mis en ligne le 24 juin 2020
Shimu, 23 ans, travaille dans une usine textile à Dacca, au Bangladesh. Face à des conditions de travail de plus en plus dures, elle décide avec ses collègues de monter un syndicat, malgré les menaces de la direction et le désaccord de son mari. Ensemble, elles iront jusqu’au bout.
L’industrie textile au Bangladesh :
- Le Bangladesh est le deuxième plus grand exportateur mondial de vêtements derrière la Chine. Environ 4 millions d’ouvriers sont employés à bas coût dans quelque 4 500 ateliers, fabriquant à tour de bras des vêtements pour les distributeurs occidentaux comme H&M, Primark, Walmart, Tesco, Calvin Klein, Gap, Carrefour, Aldi, etc.
- Les exportations du secteur textile représentent 80% des exportations totales du pays. Au total, 60% des habits vendus en Europe proviennent des usines bangladaises. Les États-Unis sont aussi un très grand gros client. C’est un gigantesque business qui rapporte 30 milliards d’euros par an.
Salaires et Droit de Grève :
- Les ouvriers et les ouvrières du textile au Bangladesh sont les plus mal payé.es au monde. À noter que les femmes (parfois mineures) représentent 85% de la force de travail. Il n’y avait pas eu d’augmentation du salaire minimum depuis la catastrophe du Rana Plaza en 2013, quand un bâtiment industriel abritant plusieurs usines de confection s’est effondré, tuant plus de 1130 travailleuses et travailleurs.
- Le ministère du travail a annoncé en décembre 2018 une revalorisation du salaire minimum mensuel à hauteur de 8 000 taka (82 EUR) contre 5 300 taka (54 EUR) auparavant : une hausse insuffisante selon les syndicats de travailleurs et travailleuses.
- En janvier 2019, une semaine de grève pour tenter d’obtenir de meilleurs salaires a été largement suivie. Une manifestation dans la banlieue de Dacca a réuni plus de 50 000 personnes. Elle a été durement réprimée par la police locale. Près d’un millier de grévistes ont été licencié.es au terme du mouvement. Au Bangladesh, où les grands patrons du textile sont très liés au parti ultra-majoritaire, la Ligue Awami, les libertés syndicales, le droit de manifester ou le droit de grève, sont régulièrement bafoués.
Des conditions de travail indignes :
- Les usines se trouvent souvent dans des immeubles construits sans permis, qui ne répondent généralement pas aux normes de sécurité : installations électriques défectueuses, sorties de secours bloquées ou inaccessibles et absence d’alarmes incendie. Plus de 500 ouvrières ont trouvé la mort dans des incendies depuis dix ans.
- Les ouvrières subissent des pressions importantes quand la date de livraison d’une commande approche. Elles peuvent travailler jusqu’à minuit sans pause. On leur demande même de travailler de nuit, les prévenant le soir même, sans qu’elles aient le temps de s’organiser, notamment pour la garde des enfants.
- Le travail de nuit est légal au Bangladesh mais les enquêtes montrent que ces horaires nocturnes sont considérés comme de simples heures supplémentaires, effectuées par les équipes qui viennent de faire leur journée. Les ouvrières sont régulièrement menacées de licenciement si elles refusent de travailler de nuit.