Printemps 1960. Jean-Charles Pagé se réveille à l’hôpital avec un mal de tête carabiné. « Les idées incohérentes s’entrechoquent. J’essaie d’ouvrir les yeux, mais je les referme aussitôt. Ma tête semble un cerveau électronique dont un court-circuit a fait sauter les fusibles. Je veux reprendre le contact avec le réel. J’en suis incapable. Une à une les bougies s’allument. »
Admis à l’« asile des fous » en raison de son alcoolisme, ce vendeur d’assurance de 28 ans passera plusieurs mois à Saint-Jean-de-Dieu. Durant son séjour, il expérimente la difficile condition de malade mental : camisole de force, interdiction de sorties, forte médication, horaires stricts, travail forcé…
Révolté par le traitement réservé à ses pairs et l’univers concentrationnaire qu’il découvre, il décide à sa sortie de l’hôpital de devenir le porte-parole de ces « hommes sans voix » en publiant Les fous crient au secours ! aux Éditions du Jour, en 1961.
Réédités ici pour la première fois, le témoignage de Jean-Charles Pagé et la postface originale du Dr Camille Laurin ont connu un grand retentissement dans le Québec du début de la Révolution tranquille. Soixante ans plus tard, le traitement des personnes psychiatrisées s’est-il vraiment amélioré ? La désinstitutionnalisation des soins a‑t-elle tenu ses promesses ? Jérémie Dhavernas et Anaïs Dupin dépoussièrent ce texte pour nous aider à démystifier la folie et lancer une réflexion sur l’état actuel de la psychiatrie.
Avec une nouvelle postface d’ Action Autonomie , le collectif pour la défense des droits en santé mentale de Montréal.