Après Les Coups, qui connait en 1942 un beau succès critique, Jean Meckert, soutenu par Raymond Queneau, quitte son métier de fonctionnaire pour s’adonner à l’écriture. Mais les ventes de ses premiers livres aux Éditions Gallimard, sans être modestes en cette période de pénurie de papier, ne suffisent pas à le faire vivre.

Dans l’immédiat, c’est vers l’édition populaire qu’il se tourne, comme Georges Simenon ou Léo Malet avant lui. Sous le pseudonyme de Duret et sous celui de Duvivier, il fait paraître une vingtaine de fascicules, alternant intrigues sentimentales et policières qu’il mêle parfois pour les subvertir ou pour aborder les réalités saillantes de l’époque.

Le présent ouvrage, qui rassemble un choix de ses courts récits policiers, offre une facette méconnue de la production littéraire du jeune auteur de la NRF qui quelques années plus tard, sous le pseudonymes de John Amila, publie Y’a pas de bon dieu ! (1949), le premier d’une longue production de romans dans la « Série Noire ».

Jean Meckert, qui s’est fait la main avec l’écriture de fascicules, trouve dès lord dans la célèbre collection de Marcel Duhamel une indépendance financière lui permettant de se consacrer pleinement au « métier d’écrire ».

Règlement de comptes et autres nouvelles policières apparaît ainsi comme le chaînon manquant entre la littérature blanche de Jean Meckert et la littérature noire de John Amila, qui, prenant ses distances avec le récit de détection, puise son inspiration dans le réalisme de la vie quotidienne ou l’intensité sanglante du fait divers.