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Les Malassis | Une coopérative de peintres toxiques (1968-1981)
Amélie Lavin, Bertrand Tillier, Vincent Chambarlhac
Article mis en ligne le 17 novembre 2014
dernière modification le 20 juin 2019

Dans l’entre-deux-Mai, 68 et 81, six artistes (Henri Cueco, Lucien Fleury, Jean-Claude Latil, Michel Parré, Gérard Tisserand et Christian Zeimert – ce dernier partira au bout d’un an) fondent une coopérative au sein de laquelle ils vont produire une peinture politique et figurative dirigée contre la « nouvelle société » pompidolienne où triomphe la société de consommation. Contestant la figure romantique de l’artiste solitaire, ces peintres créent un art collectif, inscrit dans le quotidien et facilement accessible, qu’ils exposent dans des lieux non dédiés à l’art et à la culture. Ainsi, ils préfèrent louer leurs œuvres afin de les soustraire au marché et de pouvoir se tenir à distance des institutions.

Tiraillés entre le Parti communiste, où on les soupçonne de gauchisme, et les mouvances gauchistes, qui les suspectent de stalinisme, les Malassis, qui doivent à un quartier de Bagnolet où ils ont un atelier le nom avec lequel ils jouent malicieusement, optent pour une peinture monumentale, sarcastique et virulente. Soucieux de se dissocier d’un art de propagande de type réaliste socialiste, ils mènent, par d’immenses cycles encombrants et perturbants, une réflexion critique sur les structures politiques, sociales, économiques et industrielles, dont les dérives sont dénoncées et le naufrage annoncé. Des peintres toxiques en quelque sorte, comme ils se sont qualifiés eux-mêmes…

Entre histoire politique et culturelle et histoire de l’art contemporain, ce livre rassemble les contributions de spécialistes qui analysent, sous différents angles, la peinture monumentale et le mode de création collectif d’un groupe d’artistes des années 1970, dont les productions, d’une rare originalité, restent des plus subversives. Jusque-là rarement regroupées, la plupart des œuvres des Malassis sont présentées dans cet ouvrage qui comble une grande lacune bibliographique et éclaire un pan méconnu de l’art et de la politique du XXe siècle.