De la fin du XIXe siècle au génocide, les bourgades juives d’Europe orientale sont frappées de plein fouet par la modernisation industrielle, l’explosion de l’antisémitisme et l’émigration (4 millions de Juifs fuient vers l’Europe de l’Ouest et l’Amérique). C’est dans ce contexte qu’est fondé à Vilnius, en 1897, le Bund, Union Générale Juive des Travailleurs de Lituanie, de Pologne et de Russie. Social-démocrate, le Bund est combattu par les communistes bolcheviques et ses cadres seront éliminés sous Staline. Partisan de la doïkeyt (en yiddish l’ « icitude », c’est-à-dire le refus de fuir) et d’une autonomie culturelle en Russie et en Pologne, le Bund s’oppose à l’émigration et à l’implantation juives en Palestine prônées par les militants sionistes. Ce puissant mouvement politique n’a pas survécu à l’extermination de sa base sociale par l’Allemagne nazie et ses alliés.
Les articles, publiés dans les années trente en Polonais ou en Yiddish et traduits ici pour la première fois, nous montrent à quel point le débat sur le sionisme et l’antisémitisme qui secouait alors le mouvement juif est d’une actualité encore brûlante. Parti révolutionnaire marxiste dans le fond et de culture juive dans la forme, le Bund a écrit une des pages les plus originales de l’histoire des mouvements d’émancipation contre le capitalisme et de lutte contre l’antisémitisme.