Le journalisme étudié comme une profession majoritairement au service des intérêts des dominants entre autres du fait de sa structure sociale.
« La représentation médiatique du monde, telle qu’elle est fabriquée quotidiennement par les journalistes, ne montre pas ce qu’est effectivement la réalité mais ce que les classes dirigeantes et possédantes croient qu’elle est, souhaitent qu’elle soit ou redoutent qu’elle devienne. Autrement dit, les médias dominants et leurs personnels ne sont plus que les instruments de propagande, plus ou moins consentants et zélés, dont la classe dominante a besoin pour assurer son hégémonie. »
Les lecteurs habitués aux concepts de la sociologie bourdieusienne ne découvriront sans doute rien de bien nouveau sur le plan théorique dans ce petit livre. Mais ils apprendront peut-être de quelle manière on peut les mettre directement en application dans un projet indissociable de connaissance et d’émancipation personnelle et collective.
Quant aux lecteurs peu ou pas du tout familiers avec ces outils et ces auteurs, ils pourront découvrir de la manière la plus claire pourquoi et comment cette socioanalyse du métier de journaliste est en même temps celle d’une classe sociale dont cette corporation est une fraction emblématique, la petite bourgeoisie intellectuelle.
Ce texte est une version actualisée et complétée de l’introduction que l’auteur a donnée à un livre collectif réédité chez Agone en 2007 et consacrée à l’analyse sociologique des pratiques journalistiques, journalistes précaires, journalistes au quotidien.
Cette réédition le replace dans le travail que l’auteur mène depuis la fin des années 1990 sur les classes moyennes – avec des livres comme De notre servitude involontaire et Le Petit Bourgeois gentilhomme (Agone, 2001, 2013 et 2003, 2009).