La représentation cinématographique des dinosaures trouve ses modèles dans les livres pour garçons du XIXe siècle dont elle reprend sans complexe les stéréotypes sexistes et racistes. Cruelle ou glorieuse, la virilité est l’apanage des dominants : aussi bien les terribles prédateurs carnivores que le héros blanc qui sauve le monde. Paisibles et soumises, les femelles sont ravalées au rang de proies et n’ont d’autre destin que de périr sous des griffes dominatrices.
D’un blockbuster à l’autre, de la série des Jurassic à tous les remakes de Godzilla, l’industrie du cinéma martèle une leçon implacable sous le prétexte du divertissement. Des millions d’années de pure nature sont ici convoqués pour servir une vision essentialiste qui célèbre la force brute.
La science-fiction féministe pose sur la chose un regard bien différent et file d’autres métaphores pour renverser la vapeur. Ici, les femmes nouent des alliances inter-espèces jubilatoires, les prédateurs restent sur leur faim, une puissance féminine longtemps niée fait retour. Et la nuit s’éclaire enfin.