
« Le révolutionnaire méprise tout dogmatisme ; il renonce aux sciences mondaines et les abandonne aux générations futures. Il ne connaît qu’une seule science : celle de la destruction. »
Dans ce texte court, l’auteur expose sa conception du fonctionnement d’une organisation révolutionnaire. Nul argument qui consisterait donc à tenter de convaincre du bien-fondé de la Révolution dans ces lignes. Netchaïev est pragmatique et ne prêche qu’aux convertis.
Il s’adresse et s’intéresse plus spécifiquement au camarade révolutionnaire non en tant qu’individu mais en tant que membre anonyme de l’organisation. C’est des rapports que celui-ci doit entretenir avec lui-même, ses camarades, la société ou encore des rapports entre l’organisation et le peuple, dont il est question tout au long des vingt-six paragraphes-principes du Catéchisme de Netchaïev.
Le texte bénéficie d’une courte préface rédigée par Victor Béguin, docteur en philosophie, dont les recherches portent sur les œuvres de Hegel et Marx.
Sergueï Netchaïev (1847-1882) est un nihiliste de la première heure et le fondateur de l’organisation révolutionnaire « Vindicte populaire ». Il adhère très tôt aux idées des groupes révolutionnaires russes et se rend plusieurs fois en Suisse où il se rapproche notamment de Bakounine. Ayant eu affaire à de multiples reprises à la justice impériale de son pays, il est finalement emprisonné les dernières années de sa vie pour le meurtre de l’un de ses jeunes camarades. Il est également lié à l’organisation révolutionnaire « Volonté du peuple », à l’origine de l’assassinat du tsar Alexandre II. Netchaïev doit entre autres sa célébrité au roman de Dostoïevski, Les Démons, dont l’intrigue est imaginée peu de temps avant que le révolutionnaire ne devienne connu du grand public, au point que le romancier se dira « plagié par la réalité ».