1965, Sol Yurick publie son premier roman, The Warriors, périple nocturne d’un gang de jeunes tentant de rejoindre Coney Island depuis le Bronx après l’assassinat de leur leader révolutionnaire.
Quinze ans avant son adaptation au cinéma devenue culte ( Les Guerriers de la nuit ), The Warriors est une œuvre unique dans l’histoire de la littérature américaine.
Loin des chroniques édulcorées sur la délinquance juvénile façon West Side Story, Sol Yurick offre un puissant témoignage sur une jeunesse tribale dont la violence laissa l’Amérique florissante des sixties abasourdie.
C’est ce livre radical, dérangeant, écrit tel un western urbain homérique et réaliste, que Façonnage ressuscite aujourd’hui, dans une traduction inédite signée Julien Besse, et une édition augmentée avec préface du réalisateur Walter Hill.
Juif et enfant d’immigrés russes, Sol Yurick naît en 1925 dans le Bronx, au sein d’une famille ouvrière communiste dont l’engagement marque sa jeunesse. Déçu par la politique après le pacte Hitler-Staline, il s’enrôle dans l’armée durant la Seconde Guerre mondiale avant de reprendre ses études. Diplômé en littérature de l’Université de New York, il commence à tenir un journal puis décroche un poste comme enquêteur pour les services sociaux de New York. C’est ici, à la fin des années cinquante, qu’il découvre la montée croissante et massive des gangs juvéniles, ces enfants du Welfare aux accoutrements tribaux dont Broadway avait donné une image désirable et édulcorée dans West Side Story. Inspiré par cette nouvelle délinquance, Yurick publie en 1965 son premier roman, The Warriors, adapté au cinéma quatorze ans plus tard par le réalisateur Walter Hill, dans un film désormais légendaire.
À sa mort, en 2013, le Guardian écrivait : « L’œuvre de Sol Yurick était trop radicale, trop extrême, trop violente pour le respectable cénacle de l’establishment littéraire new-yorkais. » Pourtant, rares sont les auteurs à avoir mieux incarné les angoisses de leur époque. Fin connaisseur du système judiciaire américain dont il a tiré un roman dévastateur initialement inspiré par Camus et Kafka, Fertig, publié en 1966, (mais écrit avant The Warriors) et auteur de l’une des critiques sociales les plus stimulantes sur les appétits révolutionnaires des sixties (The Bag, 1968), avant de se pencher sur l’impact des technologies (Richard A., 1981), Yurick a construit une œuvre méconnue, ambitieuse, rageuse et visionnaire.