Collection : Lettres libres
Quotidiennement, des agitateurs prennent d’assaut les tribunes pour attiser colères identitaires et passions xénophobes. Leur brutalité verbale, qui vise principalement les « migrants » et les « musulmans », rappelle la violence de ceux qui, dans la première moitié du siècle précédent, vilipendaient les « métèques » et les « juifs ». De la même façon que les droites d’antan vitupéraient contre le « judéo-bolchevisme », leurs épigones fustigent l’« islamo-gauchisme », qu’ils associent à l’antisémitisme.
Or ces mêmes accusateurs font parfois preuve d’une étonnante complaisance lorsqu’ils se trouvent confrontés, dans leurs alentours culturels et idéologiques, à des considérations pour le moins équivoques sur les juifs ou sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Soudain ils deviennent magnanimes et peuvent même trouver à leurs auteurs des circonstances atténuantes. Et ainsi se perpétue l’abject.