Plus vivants que jamais est un texte écrit à chaud durant l’été 1968, qui parut initialement chez Robert Laffont, à l’automne, dans la collection « Contestation ».
Il se présente comme le carnet de bord d’un jeune de 20 ans qui raconte au jour le jour les événements auxquels il participe avec sa bande de copains.
Ils se déplacent sur toutes les lignes de front, de leur QG – le Quartier latin – à Flins, Montparnasse, les Champs-Élysées, etc. Paris est alors leur ZAD. Le texte déroule les événements, s’attache aux faits, aux actions, aux assemblées générales, aux barricades, aux occupations d’usine… L’écriture est brève, tendue, à l’image de cette jeunesse prise dans un tourbillon. Pierre Peuchmaurd écrira plus tard : « On écrit comme on respire, c’est-à-dire comme on étouffe. »
Ces jeunes « enragés » n’appartiennent à aucune organisation politique ou syndicale : « Combien étions-nous, déjà amers, écœurés par un bref passage au Parti ou atterrés par les fossés qui semblaient séparer les organisations dans lesquelles nous aurions pu nous reconnaître, à avoir perdu le goût de militer ? »
Dans ce récit, il est question de stratégie, de tactique, de manifestations, d’affrontements avec la police et de pérégrinations urbaines : « Alors, dans le matin bleu et froid où la barricade fume encore ses souvenirs de sang, nous rentrons le cœur vague, sans un regard pour elle, la dernière barricade. »
Pierre Peuchmaurd né en 1948 à Paris, a 20 ans en Mai 68. Il participe aux événements avec l’ardeur d’un jeune homme qui a arrêté ses études l’année précédente et qui n’a aucun projet de vie, à part celui de faire voler en éclats l’ordre établi. « Nous ne savions pas ce que nous voulions ? Nous voulions faire chanter la Ville, nous avons fait chanter la Ville. »
Client régulier de la librairie Le Terrain vague, celle d’Éric Losfeld, Peuchmaurd y croise les surréalistes, mouvement qui l’accompagnera sa vie durant et dont il sera un proche collaborateur. En février 1970, après un passage dans une émission de télévision, L’avocat du diable, où il s’en prend violemment au chef de l’État, il est contacté par Jean Schuster, qui dirige alors le groupe surréaliste parisien. Il participe un temps à la revue Coupure. En 1972, il fonde les éditions Maintenant, où il publie de nombreux recueils de poésie. Puis, en 1976, il participe au collectif qui anime les éditions Toril. Habitant à Brive, il continue de travailler dans le milieu de l’écriture, notamment avec de nombreuses revues, dont Le Cerceau ou Le Bathyscaphe. Il meurt en 2009.