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Paroles Claires | La « bonne guerre » des anarchistes italiens immigrés aux États-Unis (1914-1920)
Collectif
Article mis en ligne le 12 février 2019
dernière modification le 27 juin 2019

Aux États-Unis, entre 1914 et 1920, s’est déchaînée la plus grande offensive révolutionnaire armée jamais advenue au 20ème siècle contre les institutions gouvernementales, judiciaires, religieuses, industrielles et financières du plus important pays capitaliste de la planète, menée par une poignée d’anarchistes italiens émigrés là-bas au début du siècle. Et c’est justement de leurs rangs que provenaient Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, devenus malheureusement célèbres pour avoir été exécutés sur la chaise électrique en 1927, au terme d’une affaire judiciaire qui eut une forte résonance dans le monde entier.

Pour quelles raisons ces faits sont-ils restés si longtemps méconnus, n’étant redécouverts que récemment ? Car si « les anarchistes ne font pas leur histoire, ce sont leurs ennemis qui la feront ». Les actions directes de ces subversifs immigrés sont ainsi tombées dans les mains de ceux qui avaient tout intérêt à les réprimer, à les occulter et à les calomnier, car elles constituaient un très mauvais exemple pour la postérité.

Contre le réalisme politique, ils attaquèrent l’autorité sous toutes ses formes malgré leur nombre relativement faible. Contre l’impuissance désespérée, ils ne se résignèrent pas à leur manque de moyens, mais s’efforcèrent de le dépasser. Contre tout idéalisme illusoire, ils n’hésitèrent pas à verser le sang. Contre les compromis stratégiques, ils ne vendirent pas leurs rêves. Contre tout lieu commun, ils n’opposèrent jamais la liberté de l’individu et les nécessités de l’association. C’est là que l’amour de la liberté et la haine du pouvoir se fondent en une véritable éthique de vie, que surgit cette correspondance entre rêve et réalité, entre amour et révolte, entre baisers et dynamite, caractéristique de la « bonne guerre » de ces anarchistes italiens.

Ce livre cherche à en reparcourir les vicissitudes à travers leurs paroles claires, pour arracher du passé le plus incandescent l’uniforme institutionnel dont l’a revêtu l’académie historiographique, et donner enfin vie à une histoire qui ne connaisse ni autorité ni obéissance.