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Le choix d’avorter – Contrôle médical et corps des femmes
Raphaël Perrin
Article mis en ligne le 4 avril 2025
dernière modification le 10 avril 2025

par Libraire

En principe, vous êtes libres de choisir les modalités de votre IVG. Rien ne vous oblige à avorter par telle méthode, à voir une conseillère, à attendre, à adopter telle contraception, à accepter un examen gynéco. En pratique, il n’en est rien. On ne peut comprendre le parcours d’IVG si on croit que son seul but est l’interruption des grossesses.

L’avortement reste perçu comme un événement plutôt qu’un acte ordinaire. Les femmes qui souhaitent avorter sont constituées comme des “patientes” qu’il faudrait soigner et accompagner au prix d’une restriction de leur autonomie et du maintien d’un encadrement médical serré. C’est là le principe du paternalisme : on décide pour vous, au nom d’une connaissance supérieure de votre intérêt.

L’expertise des médecins, le monopole du contrôle de l’accès aux soins que confie l’État à cette profession ainsi que la situation de vulnérabilité des patientes créent une dépendance des secondes envers les premiers. Non sans ressemblance avec le pouvoir des parents sur leurs enfants, c’est cette dépendance qui fonde la domination médicale.

Comment les médecins contrôlent-ils le comportement des avortantes sans disposer d’un pouvoir ouvertement contraignant ? Comment vous font-ils obéir ? Pourquoi l’avortement reste un parcours de la combattante alors que la loi n’a cessé de le libéraliser ?

Toutes les demandes d’IVG ne se valent pas : selon leur classe sociale, leur couleur de peau, leur langue, leur âge, et selon le rapport à l’IVG du médecin sur lequel elles tombent, les femmes y accèdent plus ou moins facilement. Le consentement « libre et éclairé » n’est le privilège que de quelques-unes.

À partir de plusieurs années d’enquête, ce livre révèle le rôle que joue la médecine dans cette production d’inégalités, et dans le maintien de l’ordre social. Il éclaire la façon dont les rapports de domination constituent un contexte favorable à la violence du corps médical, dans la prise en charge gynécologique comme dans n’importe quel domaine du soin.


Raphaël Perrin est docteur à Paris-I Panthéon-Sorbonne, membre du Centre européen de sociologie et de science politique (Paris) et membre invité du Centre Norbert-Elias (Marseille). Ce livre est son premier ouvrage, issu de sa thèse.