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À cheval sur le vent
Patrick Pécherot
Article mis en ligne le 5 janvier 2024
dernière modification le 27 mai 2024

par Libraire

L’histoire :
Hiver 1962, Sarcelles : Xavier Grall tape furieusement sur sa machine à écrire enveloppé dans un nuage de fumée. Des mots voltigent autour de lui : salle de torture, embuscade, corps tuméfiés, pesanteur de la haine, gosse égorgé, rebelles, harkis, femme violée, peur au ventre, représailles… Il compile fiévreusement le cortège des mauvais souvenirs de la génération djebel, la sienne.

Ce qu’il a vu lui, il n’en parlera pas. Des cauchemars le hantent. Pourquoi n’a-t-il pas suivi l’exemple d’Yvon, l’insoumis ? Pourquoi n’a-t-il pas déserté ? Comment effacer de sa mémoire la maison aux saules pleureurs ? Derrière le regard du poète breton, Patrick Pécherot nous laisse apercevoir avec pudeur et tendresse le désespoir et la rage étranglée des enfants de la guerre d’Algérie.


Extrait :
« Sur Xavier, la main de Françoise, posée comme un oiseau. Elle sent, à travers le pull marine, les os sous la peau. (…) Françoise sait vers quel horizon volait son échassier quand elle est entrée. Une terre de sable et de roches, terre de pistes, de villes blanches et de lauriers roses, de casbah et de villas maritimes, de vignes et d’oliviers. Une terre de soleil où l’horreur s’est abattue. Parachutée, surgie des GMC, défonçant des portes, fouillant, abattant, violant… L’horreur-gangrène, l’horreur-peste de Camus. L’horreur réponse à l’horreur. Les couteaux, les gorges tranchées, les bombes. L’horreur légitimée. Les caves, les baignoires, les coups, les fils électriques et tout ce que l’homme a imaginé dans l’absolution de sa saloperie. La génération du djebel publiée n’a rien purgé du mal. Xavier rit, aime, joue, chante mais la fêlure, mais l’indicible… »


Patrick Pécherot n’est d’aucune guerre. Comme le personnage du jeune insoumis dans son roman, il croit en la force de la douceur, et sa plume n’est à l’aise que du côté des démunis, ouvriers, paysans, grosses mains crevassées et coups de rouge au comptoir. Auteur d’une douzaine de romans publiés essentiellement chez Gallimard, il a beaucoup lu l’œuvre poétique de Grall, et voulait lui prêter vie, pour mieux interroger ses tourments et ses rêves d’un monde meilleur.


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