Si la vie du communard Eugène Vermersch ressemble à une suite d’échecs, c’est certainement la raison pour laquelle Thomas Dunoyer de Segonzac s’y intéresse. Il en dresse un portrait-poème, peu classique dans son genre. « C’est un poème anti-norme » se demande l’auteur lui-même sur la fin du texte.
Thomas Dunoyer de Segonzac nous embarque dans sa quête d’une reconstitution de Vermersch, et de la Commune, avec quelques sorties de route. Le portrait physique de Vermersch lui sert de fil conducteur, ici le corps est moteur. Il nous balade dans un passé, cherche les traces encore présentes, voit les fantômes et nous embarque avec lui dans cet essai-poème-récit.
Eugène Vermersch, né à Lille en 1845, était journaliste, pamphlétaire, poète, cofondateur du très extrémiste journal Le père Duchêne dont une soixantaine de numéros furent publiés pendant la Commune de Paris. Suite à la répression du gouvernement Thiers pendant la semaine sanglante, il partira se réfugier successivement en Belgique, en Hollande puis à Londres. Il y fonda le journal Qui vive !, dans lequel il publia Les Incendiaires, un grand poème apocalyptique sur la Commune de Paris.
Suite à l’échec de Qui vive ! il fonda plusieurs autres journaux éphémères, Vermersch, l’Union démocratique, et l’Avenir, qui furent tous abandonnés faute de moyens. Atteint de crises de démence paranoïaques, sans doute dues à la misère dans laquelle il vivait, il sera placé à l’asile où il mourra en 1878.