Formation et action du Comité pour la reprise des relations internationales
« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. » : Jaurès l’avait dit et répété, et des congrès successifs de l’Internationale socialiste s’étaient engagés à tout faire pour empêcher le déclenchement d’un conflit. Mais quand, en 1914, malgré la forte agitation sociale que connurent au début de l’année la France, la Russie et l’Allemagne, la machine infernale se mit en route, les socialistes ne lui barrèrent pas le chemin.
La France ne manquait pas de pacifistes ; mais devant les dangers de l’invasion, la mobilisation, la militarisation de la société et la censure, tous furent désemparés et beaucoup se résignèrent. Certains, cependant, osèrent rompre le consensus et voulurent faire entendre la voix d’un pacifisme actif, c’est-à-dire, nécessairement, internationaliste. La paix qu’ils recherchaient était une paix sans tergiversations, « sans vainqueur ni vaincu », une paix – ils en étaient convaincus – que les régimes qui avaient conduit le monde à la guerre ne seraient pas capables d’assurer.
Ces militants – car tous l’étaient avant le début de la guerre – durent mener d’abord le combat dans leurs propres organisations, parti socialiste et syndicats, puis tenter, malgré la censure, l’intimidation et la répression, de faire progresser l’opposition à la guerre. Le Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI) qu’ils créèrent fut le centre nerveux du pacifisme militant en France de 1915 à 1918 ; Zimmerwald et Kienthal, mais aussi la prison et les procès, furent les étapes de leur campagne.
La paix des vainqueurs ne fut pas celle pour laquelle ils s’étaient battus et ils savaient qu’elle portait en elle l’annonce d’un nouvel orage. Mais en maintenant vivace l’internationalisme socialiste, leur action résonna encore bien après que le CRRI eût cessé d’exister.