Guy Debord n’a jamais laissé de répit à son objet d’étude, qui fut aussi son terrain de lutte : la société du spectacle. Suivant une trajectoire continue, ses oeuvres, les unes après les autres, ont mis au jour le canevas sur lequel se déploient les multiples avatars de la logique marchande : aliénation au travail, dépendance à la consommation, falsification de la vie.
De la même façon, Debord ne nous laisse, à nous lecteurs, aucun répit. On le savait déjà à travers les livres publiés de son vivant, qui montrent avec quelle ténacité il maintint jusqu’à la fin le cap qu’il avait commencé à suivre au début des années 1950. Mais les notes inédites rédigées tout au long de sa vie pour des projets restés inaboutis incitent aussi à poursuivre sa réflexion sur l’évolution des sociétés contemporaines, et sur les moyens d’enrayer son cours funeste. Ainsi faut-il décrypter ces documents rassemblés et publiés ici pour la première fois : notes préparatoires pour la poursuite de son oeuvre autobiographique et critique, définition des bases politiques de l’Internationale situationniste, ou encore un dictionnaire qu’il avait en projet dans les années 1980 en vue de critiquer la corruption du langage par le spectacle.
Les commentaires et les mises au point qui accompagnent la publication de ces inédits permettent d’accéder à une meilleure compréhension de l’oeuvre de Debord. Écrits par des auteurs de différents pays, ces textes abordent des moments précis de son parcours et traitent de thématiques variées et originales. Par leur richesse, leur clarté et leur érudition, ils entendent inviter à lire Debord – et le relire. Démarche plus que jamais nécessaire.
Une très bonne critique de ce livre figure sur la revue A contretemps - bulletin de critique bibliographique