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L’impasse islamique, La religion contre la vie

lundi 16 novembre 2009

Hamid Zanaz

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A peine l’Impasse islamique édité par les Editions Libertaires avait il reçu le Prix Ni dieu, ni maître au Salon du livre libertaire de Merlieux que la dispute en cours prenait une dimension publique avec la parution sur un blog d’une critique particulièrement violente. L’éditeur était accusé de faire cause commune avec Sarkozy et le Front national contre les travailleurs immigrés de culture musulmane en France. C’est une position que certains libertaires semblent avoir endossé par réflexe solidaire. Avant de crier haro sur ce livre il faut le lire et tenter de le comprendre en sortant d’un point de vue franco-français.

Quel est le débat ?

Cet ouvrage peut effectivement apparaître comme une provocation à l’égard des populations immigrées de culture musulmanes vivant, pour l’essentiel, dans les banlieues françaises. On peut alors prendre cet ouvrage comme véhiculant un anticléricalisme islamique primaire. Ce serait ne pas comprendre, essentiellement par manque d’intérêt pour le monde de l’Islam, que l’auteur participe à un débat qui nous échappe, à nous de la sphère judéo-chrétienne, à savoir l’existence ou pas d’une possibilité de moderniser la religion musulmane.Dans un hebdomadaire connu un écrivain poète, Abdelwahab Meddeb déclarait que lui et d’autres avec lui voulaient « moderniser l’Islam face à ceux qui veulent islamiser la modernité ». Hamid Zanaz , auteur de L’impasse islamique, affirme, preuves et textes à l’appui que l’effort de modernisation est voué à l’échec. C’est cette thèse que je voudrais examiner de plus près, la discuter tant à partir de ce que je connais de la réalité du monde musulman que d’une comparaison avec le christianisme, religion qui semble s’être modernisée.

L’Islam une religion comme une autre ?

Pour tout adepte d’une religion, celle qu’il ou elle pratique est la seule valable. C’est le propre de toutes les religions monothéistes. La particularité de l’Islam est d’être fondée sur la parole fixée d’un homme. Dans le cas du judaïsme comme du christianisme le texte « sacré » est issu de la compilation d’écrits d’auteurs divers connus ou inconnus. L’autre particularité de l’Islam est que son fondateur, Mahomet, a exercé à la fois un magistère spirituel et un pouvoir temporel. Après un certain nombre de batailles il entre victorieux dans La Mecque et unifie l’Arabie. Ses successeurs immédiats vont conquérir le sud de la Méditerranée jusqu’en Espagne. L’unité du religieux et du temporel vont rendre difficile si ce n’est impossible toute contestation théologique. Il faudra un conflit de succession qui débouchera dans un massacre sans pitié au milieu des marais irakiens en 680 (42 ans après la mort du prophète) pour qu’un schisme se produise dans la communauté musulmane. C’est l’apparition des chiites qui vont s’opposer aux sunnites jusqu’à aujourd’hui. Rapidement la religion musulmane va conquérir des espaces bien éloignées de l’Arabie. Aujourd’hui le pays musulman le plus peuplé est l’Indonésie avec 200 millions de confessants.

L’Islam peut il être une religion moderne ?

Qu’est ce que cela veut bien dire, moderne ? Il semble que ce soit la façon dont les structures religieuses coexistent avec les structures étatiques. Nous savons que l’équilibre entre domaines religieux et publique est plus que fragile et n’existe que par la résistance d’une partie de la société aux tentatives répétées des religions, quelles qu’elles soient, d’étendre leur influence. Si entre le Dieu et le César du christianisme une philosophie contestatrice les Lumières a pu se glisser, c’est en fait par la réalité créée par les deux guerres mondiales que la société européenne a vu émerger une religion « moderne ». Il a fallu le départ des hommes au front pour que les femmes les remplacent, reçoivent un salaire, s’autonomisent en actes comme en paroles. La machine à laver le linge puis ensuite la pilule ont fait plus que tous les débats théologico-philosophiques pour que la religion recule.

Ici et maintenant

La religion musulmane dans notre pays est liée indissolublement, pour l’instant, à l’immigration nord-africaine qui forme dans nos banlieues un prolétariat exploité, nié, repoussé et révolté.

Cela est incontestable. En même temps cette religion est celle de pays dit émergents qui s’en servent pour maintenir leur population dans la soumission la plus grande. On oublie parfois un peu vite que la première période d’expansion de l’Islam s’est terminée avec la main mise colonialiste de l’Empire ottoman sur le bassin méditerranéen vers 1450, et que c’est sa décadence qui a ouvert les portes à la colonisation « chrétienne » de ces pays. Pour Hamid Zanaz la situation actuelle est si désespérée qu’il met ses espoirs dans l’apparition d’hommes providentiels comme le furent en leur temps Atatürk et Bourguiba. Pour les libertaires c’est bien sûr un point de désaccord qui ne doit pas empêcher la lecture de ce livre. Merci aux Editions libertaires.Pierre Sommermeyer